Un atelier autour du slam pour finir l’année en beauté et en rimes

Maïa Wagner, bibliothécaire et lectrice chez ACCES (Actions culturelles contre les exclusions et les ségrégations) a proposé un atelier de slam aux hommes mineurs détenus au sein de la Maison d’Arrêt de Fleury-Mérogis. Sur dix séances d’octobre à décembre 2023, ils ont travaillé ensemble sur le langage, les mots et leurs expressions, écouté des chanteurs, rappeurs et slameurs puis déclamé leurs textes au cours d’une restitution finale. En voici un exemple :

Maïa Wagner, 2023

« Ici pendant plusieurs ateliers, 

On a cherché à s’exprimer, trouver sa voix sur le papier. 

On a rempli les murs de nos mots inscrits sur des affiches,

On en a trouvé des milliers.

On a partagé du vocabulaire en français, en anglais, en arabe, 

énumérer des menus, des repas de tout ce qu’on voudrait manger.

On a fait salon de thé, discuter à mettre des mots dans des paniers, 

sur un micro, sur le papier.

On a écouté Diam’s, Kery James du rap sur CD à l’ancienne,

Aussi parler des nouveautés que les moins de 20 ans sont les seuls à connaître. 

On a parlé d’un temps qui, en cel’ passe différemment, 

si y’a un poste CD, une télé ou un livre de punchlines à bouquiner.

On s’est encouragés à passer et à poser ses mots avec sa voix, 

à souffler, inspirer, ne pas avoir d’inspiration, 

aller la chercher avec la flemm’ ou déter’ lundi après lundi.

On a chuchoté, dit, crié jusqu’a ce que le D1 nous entende, 

On a laissé le stylo glisser silencieusement sur le papier, 

l’encre sur la feuille, on s’est écouté soi, les uns, les autres. 

On a pris soin de notre flow, 

Humblement du bout du stylo

On a dit, ce qu’on avait à dire, 

Au passé, au présent, à l’avenir,  

Y’avait Bamory, Mankela, Williams, Tut, Bilal, Mathyce, Haroun, Adem

Dire ce que l’on a à dire, 

au passé, au présent, à l’avenir »