14h : Nous sommes Mireille et moi dans la bibliothèque du bâtiment D2. Nous jetons un regard inquiet sur les fuites d’eau qui tombent du plafond sur les livres mais cette semaine le flot est stabilisé. Nous attendons nos membres habituels ainsi que deux nouveaux qui arrivent au compte goutte jusqu’à 14h45.
Chacun s’installe autour de la table et discute des problèmes du moment : les relations difficiles avec les codétenus, la télévision qui les empêche de lire, le chauffage qui ne fonctionne pas bien dans les cellules en bout de couloir…
Chaque séance est différente : nous pouvons passer plusieurs séances à lire des extraits de livre ou une nouvelle entière comme nous pouvons avoir une séquence diversifiée comme aujourd’hui. Petit tour de table sur les lectures de chacun.
André vient toujours avec une pile impressionnante de livres. Il lit aussi bien Platon, Chateaubriand, Dostoïevski que des essais ou des romans plus légers… L’un des nouveaux s’est lancé dans le comte de Monte Cristo d’Alexandre Dumas, mais il trouve le style trop difficile. Il ne peut lire que quelques pages par jour et il s’accroche !
Les autres participants lisent plutôt des revues.
Nous passons ensuite à la présentation des nouveautés.
Un participant nous présente Au pays des purs de Kenize Mourad. Cette femme auteure est d’origine pakistanaise, tout comme lui. Son dernier livre porte sur une belle histoire d’amour sur fond de terrorisme à Lahore, ville décrite magnifiquement. Je présente le livre de Mabanckou Les cigognes sont éternelles. J’adore cet auteur pour sa vision de l’Afrique qui n’est pas dans le ressentiment contre la France mais qui n’est pas tendre non plus pour la Françafrique. Et il a plein d’humour …
Mireille nous transmet son intérêt pour Philippe Torreton et son dernier livre Jacques à la guerre.
Nous avons un invité, Rémy, bénévole lui aussi, qui présente Sylvain Tesson et son livre Dans les forêts de Sibérie, ode magnifique à la nature. Nous avons consacré deux séances à cet auteur qui ne tient pas en place en le confrontant à la situation inverse des détenus, assignés à résidence !
Puis Mireille nous offre ce très beau poème chanté par Brassens Les passantes écrit par Antoine Pol. Il va très bien à la suite de notre lecture pendant les deux séances précédentes de Vercors Le silence de la mer. Chacun lit une strophe puis nous en discutons.
Il nous faut terminer le film Le silence de la mer réalisé par Pierre Boutron et commencé la semaine précédente. L’émotion est présente dans le groupe.
Enfin pour préparer la séance suivante, nous présentons le florilège de textes de Pierre Bourdieu qui servira à la préparation du séminaire annuel de philosophie.
Dominique Pipard-Thavez,
animatrice de cercles de lecture