Rencontre avec Laurence Cordier de la Cie La Course Folle

au sein du cercle de lecture de la bibliothèque de la MAF

Pour la troisième année, le cercle de lecture de la Maison d’arrêt des Femmes a eu l’occasion de voir et écouter une performance de Laurence Cordier de la Compagnie La Course Folle. En 2019, elle était intervenue pour un montage intitulé « Le Quat’sous » autour de trois œuvres d’Annie Ernaux : Les armoires vides, La honte et Une femme. En 2020, c’était pour une pièce autour des écrits de l’artiste Frida Khalo intitulée « Ni les chiens qui boitent, ni les femmes qui pleurent ». Pour l’année 2022, un peu de changement avec une représentation thématique autour du désir.

Retour sur son expérience :

« Je suis comédienne et metteuse en scène de théâtre, j’ai été invitée à venir lire des textes et en débattre à la maison d’arrêt pour femmes de Fleury-Mérogis, j’ai ainsi découvert Lire c’est Vivre et le travail exceptionnel de l’association.

Le lien de confiance que noue Nelly Tieb, en plaçant la littérature au cœur de la rencontre, est absolument formidable.

Cela fait trois fois que j’ai l’occasion de venir et à chaque fois j’ai été interpellée, émue, secouée par les échanges très riches des participantes détenues autour des textes choisis, de leurs lectures, de leurs questionnements.

En tant que comédienne, l’écoute des participantes est d’une rare puissance, je ressens une profonde curiosité de leur part et une envie de participer.

Au sein de cette bibliothèque, tous les préjugés tombent, les échanges sont d’une acuité et d’une pertinence sidérantes. J’ai été à chaque fois surprise par les références des participantes sur telles ou telles œuvres, leurs mises en perspectives autour du texte, leurs analyses.

Par son érudition, sa finesse et sa délicatesse, Madame Nelly Tieb fait découvrir au fil de l’année tout un pan de la littérature classique et contemporaine, une variété impressionnante d’auteurs et d’autrices.

Ouvrir une telle fenêtre sur le monde dans l’univers carcéral me semble une absolue nécessité, ces rencontres permettent non seulement de développer un regard sensible et critique sur le monde via la littérature mais aussi d’accueillir dans le respect et la tolérance la parole de l’autre, de débattre et réfléchir ensemble.

Ma dernière rencontre en février dernier avait pour thème le Désir, j’ai essayé de compiler différents styles littéraires (romans, poèmes, essais et nouvelles) et différentes époques. L’expérience a été intense, très vite une réflexion sur la notion de désir s’est faite, le désir sexuel, le désir de liberté, le désir comme frustration, le désir comme moteur, le désir comme obsession destructrice, désir charnel, désir de nourriture…

Nelly Tieb incite chacune à prendre la parole, elle arrive à ouvrir au débat même les plus réservées.

Je suis très admirative du travail entrepris par Lire c’est vivre et j’aurais grand plaisir à continuer ma collaboration avec eux. »

Laurence Cordier,
comédienne et metteuse en scène